• Lettre de André Breton à Jean Paulhan

    Paris, le 20 septembre 1951

    Mon cher Ami,

    la communication adressée par Jean Dubuffet aux membres de la « Compagnie de l’Art Brut », à l’occasion de la réunion prévue pour le 8 octobre qui est appelée à statuer sur le projet de dissolution de l’association, entraîne de ma part certaines réserves dont je dois vous faire part.

    Je tiens, en effet, pour désobligeantes et injustes certaines des assertions portées en page 2 de cette communication : les collaborations efficaces ont manqué ; pas de participation aux recherches et aux différents travaux ; les membres de l’association ne prennent nulle part à l’entreprise et ne se manifestent en aucune façon, etc.

    C’est là pure et simple plaisanterie. Si, jusqu’à un certain point, la société constituée en 1948 est restée « fantôme », cela tient à ce que Jean Dubuffet ou bien s’est passé de nos services ou bien a évité d’en faire état, nous demandant tout juste, à longs intervalles, d’entériner ses propres décisions. Jamais entreprise n’a été menée de manière plus dictatorial [sic]. Cela s’est manifesté avec évidence lors de l’exposition d’octobre 1949 à la galerie Drouin dont la préface, signée de Jean Dubuffet, n’exprime que son point de vue personnel et, bien entendu, n’a pas été soumise à la discussion.

    Pour ceux qui ont suivi de près l’évolution de l’entreprise en question, le concept même de l’« art brut » a pris un caractère de plus en plus trouble et vacillant. La soudure organique qu’il prétendait opérer entre l’art de certains autodidactes et celui des malades mentaux s’est avérée inconsistante, illusoire. La liste des expositions qui se sont succédées [sic] au « Foyer » de la rue de l’Université atteste que c’est, de plus en plus, l’art des fous qui a prévalu. Or, chacun sait que, depuis longtemps, cet art n’est plus à découvrir. Il n’est rien là dont on puisse se montrer si jaloux.

    J’en viens au problème des recettes. (À la fondation de la société, Jean Dubuffet, qui disait tenir à mon concours, s’est offert spontanément à m’exempter de la cotisation requise, qu’en effet il m’eut été alors impossible d’acquitter. Cela ne saurait me mettre moins à l’aise pour apprécier la situation sous ce rapport) :

    Chaque fois que la question a été soulevée, tous les membres fondateurs de la « Compagnie de l’art brut » – à l’exception de Jean Dubuffet – ont été d’accord pour faire observer que, si toutes les œuvres disponibles de quelque importance n’étaient pas systématiquement soustraites à la vente, on aurait toute chance de disposer des ressources suffisantes pour assurer la continuité de l’entreprise. Ils estimaient tous aussi qu’il n’y avait pas lieu de décourager la publicité bénévole mais, de la seule autorité de Jean Dubuffet, la critique a été éconduite et s’est vu refuser toute documentation.

    Lorsqu’il s’est agi, il y a deux ans, de publier un « Almanach de l’Art Brut », Jean Dubuffet a prié quelques-uns d’entre nous de prendre part à sa rédaction. Dans les très courts délais qu’il nous avait fixés, je lui ai fourni personnellement toute la collaboration qu’il me demandait : études sur Hector Hyppolite, sur Joseph Crépin, texte intitulé « L’art des fous, la clé des champs », participation active et suivie au « calendrier de l’art brut ». L’almanach n’a jamais paru, Jean Dubuffet en ayant ainsi décidé, tant en raison du prix de revient de l’ouvrage que du « ton » de certains textes comme les miens qui n’avait [sic], paraît-il, pas son agrément. Libre à lui, assurément, d’y renoncer mais non libre à lui de taxer d’indifférence et d’inertie ceux qui n’ont pas demandé mieux que d’être ses collaborateurs et qui ne sont restés ni plus ni moins effacés qu’il les a voulus.

    Je n’applaudis aucunement, pour ma part, au transfert des collections et documents en Amérique, sous prétexte qu’il faut les tenir à l’abri de troubles politiques ou de guerre en Europe. J’estime que ces déplacements (pour le moins prématurés) de matériel comme de personnes implique [sic] une démission des plus fâcheuses et des plus graves, à laquelle doivent s’opposer tous ceux qui gardent le souci des intérêts – et des devoirs – de l’esprit. Je me prononce donc contre la liquidation de l’Association sous cette forme, je demande le retrait du blâme inadmissible adressé à ses membres et, en protestation contre ces divers procédés, par même courrier j’adresse à son président ma démission.

    Croyez à mes sentiments les plus amicaux.

    André Breton

    P.S. – Cette lettre est destinée à MM. Bomsel, Paulhan, Ratton, Roché et Tapié. Une copie en est adressée à J. Dubuffet.


    Extrait de « Correspondance » 1918 – 1952 – André Breton, Jean Paulhan, nrf, Gallimard

  • Pourquoi est-il conseillé d’«aligner à gauche» le texte sur le web et de le «justifier» dans les documents imprimés ?

    Il vous est peut-être déjà d’hésiter sur votre éditeur de texte : « aligner à gauche » ou « justifier » ? Quel alignement choisir ?

    « aligner à gauche » est souvent la meilleure option pour un texte long sur le web:

    • cela permet une meilleure lisibilité en permettant un espacement régulier entre les mots, et en évitant les « rivières blanches » entre deux mots.
    • c’est également une manière de rendre un texte plus accessible pour les personnes dyslexiques ou malvoyantes, car le texte aligné à gauche fonctionne mieux avec les lecteurs d’écran.
    • c’est enfin la meilleure manière de donner à votre texte une meilleure adaptabilité, dans le cadre d’un responsive design qui permet aux lecteurs de conserver le texte avec la même régularité, qu’ils lisent sur un petit écran ou sur un grand écran.

    « Justifier » le texte est toujours utilisé dans les livres ou les documents imprimés car il offre d’autres avantages :

    • Le texte « justifié » est perçu comme plus esthétique en offrant un aspect visuel plus net et uniforme, recherché dans les livres, journaux ou travaux universitaires.
    • Le contrôle typographique permet aux éditeurs d’ajuster les césures et l’espacement pour éviter les problèmes d’irrégularité, ce qui est beaucoup plus difficile à faire sur le web.

    Maintenant que vous connaissez les avantages et inconvénients de chaque alignement, à vous de faire le bon choix.